Est-ce que les semelles orthopédiques peuvent être dangereuses ?

Drôle de question, me direz-vous ! Comment imaginer qu’une orthèse puisse être dangereuse pour le corps, et avoir notamment des répercussions sur la colonne vertébrale ? En les compensant !

Je ne suis pas là pour me mettre à dos tous les podologues qui réalisent des semelles orthopédiques sur mesure : au contraire, je sais très bien la conscience et la compétence qu’ils apportent à leur travail et à la réalisation de ces semelles. Cependant, l’expérience et les cas cliniques aidant, je me pose cette question de l’utilité et du danger de compenser en hauteur les semelles. Je ne reviens pas sur l’intérêt des semelles dans le cas de problèmes d’appui (pied plat, maladie de Morton…) car je suis tout à fait pour.

Depuis quelques années, quand on vous fait faire une radio du bassin de face debout, le radiologue mesure systématiquement la différence de hauteur entre le côté gauche et le côté droit par rapport à l’horizontale. A la lecture de ce compte-rendu, votre médecin traitant vous prescrit des semelles avec une compensation de moitié de la hauteur initiale (ex: pour 12mm de différence à gauche notée sur le bassin, on vous mettra une compensation de 6mm sur la semelle gauche). J’ai eu, dernièrement, plusieurs cas qui ont ressenti des douleurs sacro-iliaques voire des cervicalgies et fortes migraines suite au port de semelles. Dans tous les cas, ces manifestations douloureuses ont cédé en enlevant les compensations mais en gardant les semelles.

RADIO BASSIN

Je pense qu’avant toute mise en place de compensation, il y a lieu de s’assurer qu’il existe bel et bien une différence vraie de la longueur des membres inférieurs :
– pour cela, un premier bilan rapide avec un mètre de couturière peut donner une idée du déséquilibre. On allonge le patient sur le dos, jambes tendues et l’on va prendre 2 repères osseux : l’épine iliaque antéro-supérieure (EIAS) qui fait partie de l’os iliaque du bassin et que l’on trouve en descendant avec les pouces en avant et les mains ouvertes sur les deux flancs. L’autre repère est la malléole externe de la cheville. On mesure alors la distance entre ces deux repères et l’on compare avec l’autre côté. Je pense que l’on est précis à 5mm près, ce qui permet de se faire une bonne idée dans le cas d’une grosse différence.
– si l’on veut plus de précision, il faut retourner voir le radiologue pour qu’il fasse une radio de face couchée des deux membres inférieurs en entier et mesurer les os sur la radio. Dans ce cas, on est sûr de la longueur.
Dans le cas de différences supérieures à 15mm, on peut proposer une compensation de moitié (ex: 10mm de compensation pour 20mm de déséquilibre).

En ce qui concerne le déséquilibre du bassin, comme la radio est souvent faite debout, il suffit d’un genou légèrement fléchi au moment de la prise du cliché ou bien d’une rotation du pied ou d’une contracture du dos. Dans le cas de cette dernière, le massage et les étirements du dos peuvent être la solution toute trouvée.

Bertrand JAGNOUX

L’impact des semelles sur le dos

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